Les invisibles de Fougeret

« Voici mon histoire aussi incroyable que réelle. Historienne, je suis mariée à un agriculteur et nous avons trois enfants. Passionnée de vieilles pierres, j’ai entraîné la famille dans l’acquisition et la restauration d’un château abandonné. Le lieu me parlait mais je ne savais pas à quel point il était bavard. Après notre emménagement, voix, silhouettes, coups dans les murs et manifestations physiques étranges nous laissaient perplexes. Au début, nous étions dans le déni. Puis, lors du tournage d’une émission télé sur le patrimoine, nous avons rencontré un médium. Loin des clichés véhiculés par les films d’horreur, il nous a expliqué que ce château était encore habité par ses anciens occupants. Ce qui pourrait passer pour une simple fable s’avéra être une profonde remise en question de nos connaissances, de la vie, de la mort et du monde connu. Les invisibles étaient comme nous, ils voulaient de l’amour et de la considération. Ils voulaient bien nous aider mais à condition de pouvoir rester chez eux. De cet échange, presque contractuel, sont nés de réels sentiments réciproques. Ils étaient plus d’une dizaine et avaient chacun leur personnalité, forgée par leur époque de vie et la façon dont ils étaient décédés. Mais le monde de l’après-vie a ses lois. Et ce fut à notre tour de rassurer les invisibles de Fougeret. Ils avaient peur de ces présences inconnues qui étaient arrivées au château par des séances de ouija ou de table tournante et ne voulaient plus en partir. Lors de leurs grandes batailles, des bougeoirs, des livres traversaient les plafonds et les murs. La situation devenait incontrôlable. Vu de l’extérieur, tout cet extraordinaire faisait des envieux. Des opportunistes voulaient se faire une place dans le monde du mystère et ont usé de magie noire contre nous. J’ai frôlé la mort. La famille a éclaté. J’ai donc dû côtoyer le milieu de la sorcellerie, des désenvoûtements. Les invisibles de Fougeret et nous étions solidaires. Félix, mon ami invisible, m’avait prévenue, en spiritisme. Je ne l’ai pas cru. Loin des clichés sur les maisons hantées, les invisibles de Fougeret nous ont fait grandir spirituellement. Si nous voulions nous en sortir vivants, il fallait ouvrir notre esprit aux esprits du lieu… »